Première placette :

Sur la première placette, une plantation de sapins pectinés a été réalisée suite à une coupe d’une parcelle de chênes et de fayards. La particularité de ces sapins est leur provenance : une partie provient de l’Aude, une autre des Pyrénées orientales, et le reste de Corse.

Chaque plant a été géolocalisé et les piquets ont été colorés différemment selon l’origine. Le but est de définir à moyen terme quelles sont les différences entre ces trois provenances, pour essayer de trouver la plus adaptée à notre climat local. Le choix a été fait de ne pas mettre de protections gibier classiques, afin de tester le système de bagues. Celui-ci ne semble pas efficace, donc des grillages individuels vont être ajoutés prochainement.

L’ONF précise que pour planter il faut bien penser à plusieurs éléments : choisir une espèce adaptée (au climat d’aujourd’hui, comme au climat estimé dans 100 ans) et qui est capable de se régénérer sous elle-même. Pour l’instant beaucoup d’incertitudes persistent sur le changement climatique, mais on peut tout-de-même assurer sans trop de doutes que les années seront plus chaudes et que les précipitations seront réparties différemment, marquant un stress prononcé en période de végétation. L’objectif d’une plantation est d’anticiper la nature puisque la migration naturelle est 10 fois plus lente que la progression du changement climatique. En 2100, on estime que c’est l’équivalent de 800 mètres en altitude et 600 km en latitude que le climat aura gagné.

Pour une meilleure résilience, la forêt mosaïque semble être une des options les plus sûres. On peut aussi espérer un rôle clef de la forêt dans la transition écologique avec une augmentation des matériaux bio-sourcés, d’autant plus quand ils proviennent d’une ressource locale.

Deuxième placette :

Un peu plus en amont se trouve une autre trouée qui a été plantée, cette fois non plus avec des sapins pectinés, mais d’autres essences : sapin de Bornmüller, de Céphalie, et Nordmann. La notion d’essence est d’ailleurs discutable, puisque la science a constaté que certaines espèces proches étaient bien capables de s’hybrider. Il serait donc plus approprié de parler de « complexe d’essences » lorsque celles-ci peuvent s’hybrider.

Ces 3 essences viennent de secteurs plus méditerranéens, habitués à subir 3 ou 4 mois sans grandes précipitations. L’inconnue la plus risquée est la résistance aux gelées tardives, qui sont encore fréquentes dans les Alpes. Dans cette parcelle, les protections de gibier ont bien été mises, et l’ONF précise d’ailleurs que leur installation multiplie le coût par 3 ! Nous insistons alors sur l’intérêt de rechercher un équilibre entre la forêt et le gibier, qui permettra à la forêt de se régénérer correctement sans faire appel à des plantations protégées.

L’avantage d’avoir choisi des essences proches est que les cortèges vivants qui les accompagnent sont très similaires eux aussi, évitant ainsi un bouleversement d’un point de vue de la biodiversité, et promettant une intégration réussie aux nouveaux plants. La croissance de ces essences sera alors comparée, mais il se trouve qu’elles sont déjà présentes en France depuis environ 150 ans, et qu’elles montrent des résultats intéressants. L’objectif à long terme est que les sapins les plus adaptés au climat puissent s’hybrider et que, par sélection naturelle, soient favorisés certains traits.