Nous pouvons vous donner quelques clefs pour une meilleure prise en compte des aspects de biodiversité et la réalisation d’actions concrètes pour l’environnement en forêt.

La forêt, refuge de biodiversité :

En France, on estime à environ 75 % la proportion de la biodiversité associée aux forêts. Bénéficiant de la multiplicité de milieux qu’elle offre, de sa structuration verticale, de son ambiance humide et de son sol, de nombreuses espèces d’oiseaux, mammifères, champignons, plantes, mousses, lichens, arthropodes, et micro-organismes s’y trouvent.

C’est donc à la fois une merveilleuse opportunité mais également un enjeu de taille pour l’ensemble des propriétaires forestiers, publics comme privés, ainsi que la filière forêt-bois. Il est en effet important de respecter cette diversité tout en garantissant la gestion de la forêt, et il existe des bonnes pratiques permettant la bonne cohabitation de l’Homme et de son environnement.

Un écosystème forestier diversifié est aussi plus résilient face aux aléas, biotiques ou abiotiques, et conserver un milieu riche est donc important même pour la fonction productive de la forêt !

Comment favoriser la diversité en forêt ?

Étant donné le nombre d’espèces côtoyant la forêt, on comprend bien qu’il n’y a pas qu’une manière de favoriser la diversité, mais plutôt un ensemble de pratiques favorables. Ainsi, le concept de forêt mosaïque est fondamental, puisqu’il vise à mélanger différents types de peuplements à petite échelle : les essences, les taillis, les futaies régulières et irrégulières, les forêts jeunes et laissées vieillissantes, préserver des zones humides, des espaces ouverts… Les coupes rases peuvent même être favorables à la diversité (à condition qu’elles ne visent pas à enrésiner en monoculture et qu’elles soient pratiquées sur des surfaces raisonnables) puisqu’elles apportent une ouverture dans un milieu globalement fermé, favorables aux espèces de lumières, à certains petits mammifères et donc également à leurs prédateurs.

Source : Infographie réalisée par l’ONF, 2020

Conserver du bois mort, sur pied et au sol, est une mesure assez simple et qui permettra d’accueillir un cortège important d’insectes, de champignons, et même de certaines chouettes ! Contrairement à une idée reçue, cela n’augmente pas le risque de développer des maladies ou des parasites. En revanche, cela permettra au sol de régénérer sa proportion en carbone, important pour la structure du sol et la disponibilité en minéraux.

Chouette de Tengmalm – Crédit photo Yann Bertrand

Les forêts anciennes (à ne pas confondre avec les vieilles forêts, composées d’arbre vieux uniquement) caractérisent les forêts dont l’état est boisé depuis plus de 150 ou 200 ans. Les arbres peuvent être jeunes ou vieux dans une forêt ancienne, à partir du moment où la parcelle est restée forestière depuis environ 1850. L’intérêt de ces forêts d’un point de vue de leur biodiversité est certain, et une attention particulière doit leur être portée. Plus de renseignements ici. Certains territoires, comme certains PNR par exemple, on déjà mené des études visant à cartographier les forêts anciennes.

Il ne faut pas non plus négliger l’intérêt des linéaires (alignements d’arbres, haies bocagères…) qui assurent la connectivité entre les milieux. Leur gestion à l’échelle du territoire est une des clefs pour garantir des réservoirs et des corridors écologiques les reliant efficacement.

Concernant l’exploitation forestière, le respect du sol est un élément crucial. Cela peut se faire via l’usage de machines peu impactantes, qui vont utiliser des pneus (voire chenilles) larges afin de répartir la masse de l’engin sur une plus grande surface et ainsi réduire la pression au sol. La réalisation de cloisonnements d’exploitation est aussi très importante puisqu’elle oblige les engins à ne circuler que sur des secteurs bien délimités, préservant ainsi 80 % de la surface.

Pour le respect de la faune, il est aussi conseillé de réaliser l’exploitation en dehors des périodes sensibles, comme la reproduction ou la nidification, par exemple.

Afin d’entreprendre des actions de gestion favorables à la biodiversité patrimoniale en forêt, vous pouvez vous référer à cette boîte à outils, très complète et documentée.

Quelles possibilités pour ma forêt ?

  • Le réseau FRENE : il est possible d’inscrire sa forêt dans le réseau FRENE, qui à échelle de la région a pour vocation de créer une trame de vieux bois en mettant en place un vaste réseau de parcelles en libre évolution. Ce sont aujourd’hui 28 000 hectares, répartis en plus de 2 000 îlots chez 350 propriétaires publics comme privés ! Agrémenter la trame de vieux bois peut passer par la création d’îlots de sénescence de quelques hectares, ou bien en réservant environ 7 arbres-habitat par hectare.
  • Intégrer au document d’aménagement des dispositifs de protection : lors de la révision de votre aménagement (document de gestion obligatoire en forêt publique), vous pouvez protéger une partie de votre forêt. Sachez que cela est un usage fréquent chez les forestiers et la gestion que l’ONF exerce dans les forêts publiques intègre déjà cela. Il peut s’agir d’îlots de senescence (ILS), de zones hors sylviculture naturelles en libre évolution (HSNLE), ou bien encore de réserves biologiques intégrales (RBI).
  • Dispositifs publics pouvant financer la mise en place des trames de vieux bois : les politiques publiques disposent d’un certain nombre de possibilités pour entreprendre des actions financées. Cela dépend beaucoup des territoires, mais il peut s’agir : du réseau Natura 2000 (Europe), des Espaces naturels sensibles (Département) ou bien des Contrats verts et bleus (Région).
  • Accueillir des mesures compensatoires : lors de la réalisation de gros chantiers impactants pour l’environnement, la loi oblige la MOA à financer des projets de compensation environnementale. Ces projets peuvent tout-à-fait se trouver en forêt communale, et ceci permet alors à la commune de faire financer par un tiers (la MOA) des travaux visant une amélioration de la qualité environnementale en forêt.
  • Sylv’ACCTES : cette association reconnue d’intérêt général a pour but de rechercher des financements privés et publics afin de subventionner des modes de gestion forestière durables et vertueux. Afin d’en bénéficier, il faut que le territoire sur lequel la parcelle se trouve soit partenaire de Sylv’ACCTES (c’est le cas pour une grande partie du département : PNR de Chartreuse, PNR du Vercors, Espace Belledonne, Stratégie forestière du Sud-Isère, CFT Bas-Dauphiné et Bonnevaux, et CFT des Chambaran). Les travaux entrepris doivent aussi rentrer dans le cadre d’itinéraires sylvicoles établis entre le territoire et Sylv’ACCTES dans un Plan sylvicole territorial. Plus d’informations ici. Les propriétaires privés peuvent être subventionnés à 70 % et les propriétaires publics à 50 %.